1.1 L’Andalousie, l’Espagne et les gitans

C’est d’abord dans cette région du sud de l’Espagne que les sources historiques les plus anciennes le situent. Aujourd’hui encore un grand nombre d’artistes flamencos vivent en Andalousie.
Les palos (les styles du flamenco) et l’Andalousie
Beaucoup de noms de palos font référence explicitement à des lieux d’Andalousie. Replacez sur la carte suivante quelques palos à côté de leurs villes de référence…
Les palos avec les répertoires les plus riches sont classés par région, et c’est toujours en Andalousie que ça se passe…
- la soleá de Triana (un quartier de Sevilla), de Cádiz, d’Alcalá…
- la bulería d’Utrera, de Jerez, de Sevilla…
- le tango de Cádiz, de Triana, de Granada et de Málaga…
Dans les ouvrages de la collection L’œil de la letra, Soleá et Bulería, retrouvez une anthologie de ces deux palos très importants. La première clé de classement est géographique.
Les noms de lieux andalous sont aussi très présents dans les letras (les textes des chants). Citons par exemple les célèbres Tango de Triana, un quartier de Sevilla sur la rive droite du Guadalquivir et Fandango d’Alosno, une petite ville de l’ouest de l’Andalousie, proche d’Huelva.
Triana, Triana
Que bonita está Triana
Cuando le ponen al puente
Banderas republicanas
Que Triana est belle
Avec pendus à son pont
Les drapeaux républicains
Alosno, calle real de Alosno
Con sus esquinas de acero
Es la calle más bonita
Que rondan los alosneros
Calle real de Alosno
Alosno, la rue royale d’Alosno
Avec ses angles d’acier
C’est la plus belle rue
Celle où se promènent les alosneros
La statuaire flamenca en Andalousie
Quelle région du monde a coulé autant de bronze en hommage à des artistes flamencos ? Voici une galerie avec un petit florilège…
Et voici la liste des statufiés dans l’ordre d’apparition avec des liens vers des vidéos ou des sites…
- Camarón de la Isla à San Fernando
- Paco de Lucía à Algeciras
- La Niña de los Peines à Sevilla
- Manolo Caracol à Sevilla
- Antonio Mairena à Sevilla
- Fernanda et Bernarda de Utrera
- Niño Ricardo à Sevilla
- Antonio Chacón à Jerez
- Juan Breva à Málaga
- El Mellizo à Cádiz (il n’existe qu’une photo de ce chanteur)
- Gerundino à Alméria
- La Paquera de Jerez
- Terremoto de Jerez
- La Perla de Cádiz
Retrouvez les artistes statufiés dans ce memory
Le flamenco, une icône de la culture espagnole
Le flamenco et son incontournable robe rouge à pois est souvent assimilé à l’identité espagnole.


Et quand on évoque la musique espagnole, la musique flamenca est plus souvent citée que la jota aragonaise ou l’alalá galicienne.
Le flamenco est également présent dans les grandes capitales de la péninsule : c’est à Madrid que le fameux duo Camarón-Paco de Lucía a commencé a devenir célèbre, Carmen Amaya était originaire de Barcelona ainsi que la grande chanteuse contemporaine Maite Martín…
Le flamenco et les gitans
Grand débat que celui des revendications culturelles autour du flamenco !
Gardons-nous de prendre parti et observons quelques faits…
Une chose est sûre : l’origine du flamenco est incertaine
On peut simplement dire que c’est un art d’origine populaire (gitane en particulier), chanté et dansé en Andalousie, qui a assimilé et transformé le répertoire traditionnel andalous mais qui s’est également nourri de cultures plus lointaines : d’autres régions d’Espagne (fandangos) d’Amérique latine (tangos, guajiras, colombianas…).
La culture gitane est extrêmement présente dans les letras et pour comprendre le sens des letras flamencas il vaut mieux avoir un dictionnaire calo sous la main, comme celui-ci : Diccionario gitano/Vocabulario caló-castellano.
Quelques exemples…
Bulería de El Lebrijano
Hay la tana retrechera
yo te voy a poner y a poner
y a cuartito las peras
y a tres las manzanas
y a dos las ciruelas
Belle gitane,
approche que je te les vende.
Quatre les poires,
trois les pommes
et deux les prunes.
Bulería de la Perla de Cádiz
Ay la luna dió en mi ventana
y miraba mis chabales
y dijo la luna gitana
viva los cayos reales
La lune entra par ma fenêtre
elle regardait mes gars
et elle dit, la lune gitane :
Vive les vrais gitans !
Mais le flamenco n’est pas exclusivement gitan
Paco de Lucía, un des maîtres incontestés de la guitare flamenca, ainsi qu’Enrique Morente et José Menese, deux grands chanteurs, étaient payos (non gitans).
La figure du duo Camarón-Paco de Lucía a beaucoup inspiré les auteurs de fiction. Citons, dans les ouvrages disponibles en français :
Mauvais garçons ; intégrale
de Chritophe Dabitch et Benjamin Flao
BD aux éditions Futuropolis, 29 €, paru le 22 août 2013
Les chroniques dessinées du quotidien de deux amis artistes qui vivent le flamenco à Utrera aujoud’hui.
Manuel El Negro
de David Fauquemberg
Roman aux éditions 10/18, 7,80 €, paru en poche le 5 février 2015
L’autobiographie imaginaire de Melchior de la Peña, guitariste payo, qui raconte sa vie d’artiste en duo avec Manuel el Negro, chanteur gitan.